La
protéine MIF1 est présente dans la salive du puceron. Il s'agit d'une
molécule du système immunitaire de l’insecte. En l’injectant dans les
tissus de la plante qu’il parasite, le puceron empêche la plante hôte de
développer ses défenses.
Insectes phytophages (qui
mangent les plantes), les pucerons sont responsables de dommages
importants dans de nombreuses cultures agricoles. À ce jour, les
mécanismes moléculaires qui permettent au puceron de prélever la sève
sans être rejeté par le système immunitaire de la plante sont encore peu
connus.
Des
chercheurs de l’Inra et du CNRS ont étudié deux espèces de pucerons
différentes : le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) et le puceron du
pêcher (Myzus percicae). Chez ces deux espèces, ils ont découvert la
présence de plusieurs molécules MIF — Macrophage Inhibitory Factor, en
anglais, pour facteurs inhibiteurs de la migration des
cellules macrophages —, dont cinq chez le puceron du pois et trois chez
le puceron du pêcher.
Ces protéines jouent
un rôle important dans la modulation des réponses immunitaires chez
lesvertébrés mais n’ont pas encore été décrites chez le puceron. Ces
travaux ont été publiés dans la revue Current Biology le 25 juin 2015.
Les pucerons ont besoin de MIF1
Observation
inattendue : parmi ces protéines, une cytokine, la MIF1, se retrouve
dans les glandes salivaires des deux espèces de pucerons. Elle est
sécrétée avec la salive suggérant ainsi un rôle dans l’alimentation du
puceron. Des travaux complémentaires ont montré que les pucerons ont
besoin de MIF1 pour exploiter une plante. En effet, une fois libérée
dans les tissus de la plante, la protéine inhibe de manière considérable
ses réponses immunitaires, empêchant par exemple, l’une des premières
réactions de défense contre le parasite, à savoir le renforcement de la
paroi végétale par apposition d’un polymère polysaccharidique (la
callose). Inversement, les pucerons chez lesquels l’expression de
la protéine MIF1 a été réprimée ne peuvent plus s’alimenter et
enregistrent une forte mortalité.
Comment,
au cours de l’évolution, les pucerons ont-ils détourné un élément de
régulation de leur propre système immunitaire (qui leur permet de lutter
contre les infections) en un mécanisme leur permettant d'améliorer leur
activité parasitaire ? Il est connu que certains parasites d’animaux
vertébrés, tels que les nématodes, les tiques et les protozoaires,
utilisent des protéines MIF pour moduler la réponse immunitaire de
leurs hôtes respectifs. Toutefois, c'est la première fois que l'on
démontre qu’une telle protéine sécrétée par un parasite phytophage peut
manipuler la réponse immunitaire d’une plante.
Source : futura-sciences.com