I. IMPORTANCE DU PECHER ET SON AIRE DE CULTURE
La culture du pêcher s'étend sur une superficie de 4 500
ha pour une production de 39 500 ha. C'est un secteur caractérisé par
une grande diversité de variétés et une adaptation très étendue dues aux
efforts de création propre au pêcher et nectarinier. Les principales
zones de production sont Meknès, Ifrane, Khénifra, Boulmane, Gharb,
Beni-Mellal.
II. EXIGENCES AGRO-CLIMATIQUES
Les pêchers et Nectariniers présentent de très larges
gammes variétales adaptées aussi bien aux climats froids septentrionaux
qu'aux hivers doux. Les floraisons des pêchers européens peuvent
résister à des températures de (-16°C) à (- 24°C) si le froid est
précédé par plusieurs jours d'adaptation à (-2°C) à (-6°C). La dormance
est levée après une durée de 1000 à 1200 h de températures inférieures à
7,2°C pour les variétés de pêches européennes et 100 à 450 h de froid
pour les pêches Californiennes et Floridiennes. Après nouaison, le jeune
fruit ne peut supporter des températures inférieures à (- 1°C). Au
cours de la croissance du fruit et jusqu'à sa maturité, une atmosphère
peu humide et ensoleillée est favorable au développement et à la bonne
coloration du fruit. Une atmosphère humide au printemps est favorable au
développement de la Cloque, de l'Oïdium, du Monilia, du Coryneum, du
Botrytis etc... Le pêcher est sensible au Crown gall et au Capnode. Un
sol profond, bien drainé, d'une texture moyenne est favorable pour le
développement des pêches et nectarines. La stagnation d'eau au cours de
la phase de croissance peut entrainer l'asphyxie des racines et la mort
des plants. Le pH du sol doit être de 5,8 à 6,8. Les sols trop acides
et/ou salins ou sodiques doivent être évités.
III. LE MATERIEL VEGETAL
L'INRA dispose de la gamme variétale la plus large en
matière de pêcher. En 1994, 176 variétés de pêcher étaient rassemblées
en collection à la station expérimentale d'Aïn Taoujdate. Des
producteurs et pépiniéristes étatiques (SODEA) ou privés ont aussi
introduit des variétés de pêcher d'Europe et des USA. Parmi les variétés
introduites et cultivées, celles à chair jaune sont les plus
dominantes. On peut citer entre autre Elrise, Primerose, Springtime,
Spring crest, Starcrest, Spring gold, Mayrose, Maycrest, Red Haven, Red
Top, Flower crest, Lauring, Dexired, Royal Gold, J.H Hale, Armking I et
Armking II, Staymay. Cet assortiment variétal est en constante
évolution. Des variétés floridiennes très précoses (maturité en Avril)
sont actuellement en production. Parmi les nectarines, il faut
mentionner Mayred, Red June, Early Sungrand, Summergrand, Nectared 6,
Fantasia...Le porte-greffe le plus utilisé au Maroc est le pêcher de
Missour. Les autres francs de pêcher tel GF 305 ou le Nemaguard n'ont
pas donné de résultats satisfaisants au Maroc (sensibilité à la chlorose
pour le GF 305 et mauvais développement pour le Nemaguard). D'autres
porte-greffes sont utilisés dans des cas spécifiques : Prunier Saint
Julien adapté aux sols lourds, le Damas GF 1869 résistant à la chlorose
et à l'asphyxie radiculaire, mais présentant une mauvaise affinité avec
beaucoup de Nectarines. Le pêcher x amandier GF 677 résistant à la
chlorose, vigoureux.
IV. LES TECHNIQUES CULTURALES
- Les travaux du sol - Se référer à l'abricotier et au prunier.
Le désherbage chimique doit être mené avec prudence, le
pêcher étant sensible au contact des herbicides. Le Bromacil et la
Butraline sont utilisés en tant qu'herbicide de pré-émergence. Les
herbicides de contact sont le diquat et le paraquat.
- Fumure :
* Fumier décomposé = 10 T/ha
* N = 150 u/ha dont 2/3 avant floraison et 1/3 au grossissement du fruit.
* P205 = 50 u/ha
* K20 = 150 u/ha
* Mg = 50 u/ha tous les 2 ans.
- L'éclaircissage :
L'éclaircissage est une nécessité chez le pêcher qui est
une espèce très fertile. On éclaircie avant la chute complète des
pétales chez les variétés les plus précoces. Pour les variétés tardives
et de saison, on éclaircie à partir du durcissement du noyau (soit 10 à
20 jours après la pleine floraison). On supprime les fruits doubles, les
fruits à l'intérieur de l'arbre et on ne laisse que 5 à 6 fruits par
rameau mixte. On laisse un fruit tous les 12 à 15 cm. L'éclaircissage
chimique est possible avec l'acide gibberellique, mais les doses (50 à
80 g/1000 l d'eau) et les périodes d'application doivent être déterminés
localement.
V. MALADIES, RAVAGEURS ET PROTECTION PHYTOSANITAIRE
Deux groupes de maladies à virus sont fréquentes chez le
pêcher : les viroses à Ring Spot ILAR et les Ring Spot NEPO. Les
maladies bactériennes sont responsables de la galle du collet (Crown
gall) et du dépérissement (Pseudomonas persicae). Les maladies
cryptogamiques les plus importantes sont : la cloque, l'oïdium, le
chancre à Fusicoccum, le plomb parasitaire, la criblure à coryneum, la
moniliose, le chancre à crystospora. Les ravageurs du pêcher sont la
tordeuse, le carpocapse, les acariens, la cératite, le capnode, la
zeuzère et le cossus.
VI. LA RECOLTE ET LE CONSERVATION
L'époque de récolte chez le pêcher est une
caractéristique variétale. La fermeté de la chair est un indice
d'appréciation. La cueillette se fait en 4 à 6 passages espacés de 2 à 5
jours chez une même variété. Aussi, il importe d'évaluer dans un verger
le pourcentage de fruit à cueillir à chaque passage pour une variété
donnée.
Co-auteurs= Les professeurs de l'IAV Hassan II, Agronomie-département d'horticulture, unité de Rabat,
Ahmed Skiredj
Walali D.M.L.
Hassan El Attir