I. IMPORTANCE DE LA CULTURE DE LA VIGNE ET SON AIRE DE CULTURE.
Au niveau national, le vignoble occupe une superficie de l'ordre
de 49 000 ha pour une production de
230 000 T dont 38 200 ha et 172 000 T
de vigne de table et 10 800 ha et 58 000 T de vigne de cuve.
Les
principales régions de production de la vigne de table sont Doukkala,
Haouz, Benslimane, Rabat-Salé, Khémisset et Essaouira qui totalisent 71%
de la superficie totale. Pour la vigne du cuve, l'essentiel des
vignobles est concentré dans les régions d'El Hajeb, Khémisset, Meknès,
Gharb et Moulouya qui détiennent plus de 88% de la superficie totale.
II. LES EXIGENCES AGRO-CLIMATIQUES
La vigne préfère les climats semi-arides et subtropicaux avec des
étés secs et chauds sans précipitations et des hivers frais. Pour la
croissance des baies et leur maturité, il est nécessaire de disposer
d'une atmosphère sèche, d'une température modérément chaude (15 - 40°C)
et d'un fort ensoleillement. Une forte hygrométrie, un temps couvert,
des températures basses et des précipitations durant la phase floraison -
croissance des baies sont favorables au développement des maladies
(Botrytis, Oïdium, Mildiou). La vigne s'adapte à une large gamme de sols
mais préfère des sols profonds argilo-limoneux, ayant une bonne
structure et riches en matière organique. Le pH doit être de 6,5 à 7,5
et la salinité faible. Les besoins en eau sont estimés à 400 à 500 mm.
Au cours de la période floraison-nouaison, la vigne est très sensible à
un déficit hydrique (coulure de fleurs et baies nouées).
III. LE MATERIEL VEGETAL
Le vignoble de cuve est constitué de quatre principales variétés :
Cinsault, Carignan, Alicante, Bouchet et Grenache qui représentent à
elles seules 81% de la superficie totale de ce vignoble. Les cépages
améliorateurs ne concernent qu'une superficie négligeable de l'ensemble
des plantations de vigne de cuve. Les principales variétés de table
sont: Doukkala, Muscat d'Italie, Valency, Abbou, Boukhanzir et Muscat
d'Alexandrie qui occupent environ 77% de la superficie totale. Le reste
est constitué des variétés suivantes: Alfonse Lavallée, Adari, Cardinal
et Madelaine. Les variétés apyrènes occupent une superficie négligeable
n'excédant pas 600 ha.
IV. CYCLE VEGETATIF ET REPRODUCTEUR DE LA VIGNE
En hiver, la vigne perd ses feuilles et rentre en dormance.
L'élévation des températures au printemps s'accompagne du débourrement
en février-mars, de la sortie des feuilles et d'une croissance rapide
des pousses. La pleine floraison a lieu généralement six à huit semaines
après le débourrement. Les grappes florales se forment sur des pousses
de l'année, apparaissant sur les baguettes âgées d'un an du printemps
précédent. L'époque de la différenciation des bourgeons floraux varie en
fonction des variétés et des conditions climatiques. Elle a lieu
généralement entre avril et juin. Les cultivars de Vitis vinifera
présentent dans leur majorité des fleurs parfaites ou hermaphrodites qui
sont autopollinisés. La nouaison est suivie de la croissance des baies,
de la véraison et de la maturité. En fonction des soins qui lui sont
prodigués et des conditions climatiques, la vigne peut vivre plusieurs
dizaines d'années. Le rendement en raisin est variable selon les
variétés, les conditions agro-climatiques, les modes de conduites et les
techniques culturales. La variété Carignan produit 4,75 kg/souche avec
seulement des précipitations annuelles de 322 mm.
V. LES TECHNIQUES CULTURALES
1. Les travaux du sol et La fertilisation
Généralement, le vignoble est maintenu propre par 3 labours par
an: en Janvier-Février au voisinage du débourrement, en Avril-Mai, un
peu avant la floraison, et vers Juin, à la nouaison. Ces labours ont
pour objectifs la destruction des mauvaises herbes, l'ameublissement et
l'aération du sol. Des herbicides sont utilisés également pour lutter
contre les mauvaises herbes. On en distingue trois types : (1) les
herbicides de pré-émergence (Simazine, Atrazine, Diuron); (2) les
herbicides de contact (colorants nitrés, Diquat, Paraquat); (3) les
herbicides systémiques (2,4 D, Dalapon, Aminotriazole, Round up). Le sol
peut être aussi maintenu enherbé ou couvert par un mulch ou un paillage
plastique pour lutter contre l'érosion et améliorer la structure. Son
but est: (1) de restituer au sol les éléments fertilisants enlevés par
les récoltes, le bois de taille et les feuilles (2) de constituer des
réserves dans ce sol et de corriger les carences. Les prélèvements, ou
les quantités d'éléments absorbés par la vigne dépendent de nombreux
facteurs (âge, vigueur de la souche, cépage et porte-greffe, densité de
plantation, richesse du sol, etc...). Les exportations par les récoltes,
bois de taille, feuilles sont aussi variables. Le contrôle de la
nutrition peut être effectué par l'analyse foliaire. Dans le cas du
Maroc, on estime que les teneurs foliaires suivantes au stade floraison
correspondent à une nutrition convenable: K: 0,93-1,04 % MS, P: 0,20-
0,22 % MS et Mg: 0,80 % MS. Pour un vignoble de 750 pieds/ha ; les
apports ont été de : 500 kg d'N ; 120 kg de P205 et 750 kg de K20 à
l'âge de 3 à 5 ans. Au delà de 5 ans, les apports ont été de : 500 kg
d'N ; 500 kg P205 et 1000 kg K20.
2. L'irrigation
L'irrigation doit être répartie dans le temps pour maintenir une
humidité suffisante et constante dans le sol au niveau du système
radiculaire. Pour la vigne de table, il est conseillé de faire quatre
arrosages : au débourrement, à la floraison, à la nouaison et à la
véraison. L'aspersion est peu pratiquée car elle favorise le
développement de maladies cryptogamiques (Mildiou, Botrytis) et
l'éclatement des baies. Le système gravitaire tend à être abandonné dans
la viticulture moderne (perte de grande quantité d'eau, lessivage de la
fumure minérale). Le goutte à goutte, malgré son coût d'installation,
se développe dans plusieurs régions. Les goutteurs d'un débit de 2 à 4
l/h sont disposés tous les 1,25 à 1,50 m et assurent une alimentation
régulière des souches. Les apports sont de 600-1800 m³ à 2500-3000
m³/ha/an en juin-juillet et août.
3. La taille
La taille doit être réalisée chaque année pendant le repos
végétatif: décembre-janvier-février. Elle permet d'assurer une
édification ordonnée du végétal et de favoriser un bon partage des
sucres en établissant un bon équilibre entre la fructification et la
végétation.
Les systèmes de taille de formation sont les suivants : le
Gobelet, le Guyot simple, le Guyot double, le Cordon simple, le Cordon
double, la Pergola.
VI. MALADIES, RAVAGEURS ET PROTECTION PHYTOSANITAIRE
1. Maladies
* L'Oïdium : les feuilles, rameaux et inflorescences se couvrent
de poussières gris-blanchâtres. Le chapignon attaque les grappes, les
baies éclatent et deviennent sensibles au Botrytis cinera. Lutte :
traitement au soufre, le dinocap (karathane), Fenarimol (Rubigan 4),
Triadimeton (Bayleton 5).
* Le mildiou: apparition de plages translucides: « tâches
d'huile » de formes circulaires ou allongées. Les grappes se couvrent
d'une poussière blanche « rot gris ». Lutte : bouillie cuprique, les
organo-cupriques.
* Botrytis : tâches brunâtres sur feuilles, pourriture des
grappes. Lutte : fongicides de contact (Rovral, Ronilan) et systémiques
(Benlate, Pelt).
* L'excoriose, l'Esca.
2. Ravageurs
- Phylloxera, les acariens (araignées rouges et jaunes), les cicadelles, l'altise.
3. Maladies à virus
le court-noué se traduit par un raccourcissement des entrenoeuds,
des rameaux en zig-zag, noeuds doubles, millerandage et coulure de
grappes. Lutte : utilisation de matériel végétal sain sur un sol n'ayant
jamais porté de vigne ou préalablement désinfecté contre les nématodes.
VII. RECOLTE ET CONSERVATION
Un raisin de table de qualité doit être ceuilli une fois que les
grappes sont bien développées et pleines. Les baies doivent être fermes
d'une forme typique de la variété, de couleur uniforme, et exemptes de
toute tâche de brûlure, de blessure ou de maladies. Le raisin de cuve
est récolté manuellement ou par des récolteuses mécaniques. On se base
généralement sur le degré Brix et l'acidité pour la cueillette. Le degré
de maturité pour les raisins de table est apprécié par l'augmentation
de leur taux de sucre et la baisse du taux d'acidité et le développement
de la couleur, l'arôme et la texture caractéristique du cultivar.
Co-auteurs= Les professeurs de l'IAV Hassan II,
Agronomie-département d'horticulture, unité de Rabat, Ahmed Skiredj;
Walali D.M.L. et Hassan El Attir